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peinture acrylique édition livre d'artiste

Des auteurs ont écrit à propos du travail de Robert Lobet

 

Robert Lobet trace, d’œuvre en œuvre, de livre en livre, son propre chemin esthétique. Il définit un territoire à nul autre pareil : celui de l’artiste libre. Haute stature, regard pur derrière de pudiques lunettes, barbe de Rodin, mains puissantes… Il marche, dessine, grave, peint avec l’esprit vif et les yeux grands ouverts, puis invite généreusement le spectateur/lecteur à parcourir avec lui les espaces de l’art qu’il défriche et cultive. Il saisit, avec une simplicité naturelle, les pleins et les vides du monde avant de le donner à voir.

 

C’est la confrontation entre l’homme en éveil et ce qui l’entoure qui est en jeu et enjeu de son travail. Perception de la lumière, sensation de la matière, odeur de l’encre : dans ses œuvres, on peut suivre l’œil de l’artiste, toucher la roche qu’il dessine, prendre une poignée de la terre ocre qu’il peint, souffler sur les motifs qu’il grave.

 

Robert Lobet a pour compagnons de route les poètes avec lesquels il entretient une relation de respect et d’équilibre. Sans doute a-t-il médité ce que Salah Stétié écrit : « l’homme, qu’il le veuille ou non, est finalement comptable de ce dont le poète, par son œuvre, n’a de cesse de rappeler l’existence : ces présences que l’homme, au fur et à mesure qu’il se spiritualise par l’usure des jours et par la transparence advenue, retrouve en lui-même et autour de lui. » (Salah Stétié, L’interdit suivi de raisons et déraisons de la poésie, Les éditions du Littéraire, 2012).

 

S’il vit et travaille à Nîmes, Robert Lobet est citoyen d’Alexandrie (Égypte), de Porsgrunn (Norvège), de Dakar (Sénégal) ou encore de Rome (Italie)... C’est un artiste du monde qui cherche toujours le meilleur en l’humain ; il y trouve humblement la substance et la pensée pour re/présenter la douceur de vivre avec la profondeur du regard et l’habileté du geste.

 

Il n’ignore rien des entailles, de la douleur, des fractures et des tensions, des dérives humaines qui conduisent au désespoir. Mais il les exprime à sa manière, avec la parole de la couleur, la résistance d’un silence habité par une vie intérieure, la forme vive et sûre qui honnit la violence. Avec détermination et justesse, Robert Lobet place toujours son travail artistique au bord du soleil.

 

Laurent Grison

avril 2016

Lien vers le site de Laurent Grison : http://www.laurentgrison.com

 

Transmutation du proche et du loin

 

L’une des scènes essentielles d’A l’ombre des jeunes filles en fleurs a lieu dans l’atelier du peintre Elstir, sur les rivages de Normandie. Le narrateur y découvre l’une des caractéristiques de cet artiste imaginaire : la capacité à saisir et exprimer « les rares moments où l’on voit la nature telle qu’elle est poétiquement ». Dans les marines d’Elstir, celui-ci, « comparant la terre à la mer, supprimait entre elles toute démarcation. » Le narrateur observe plus particulièrement une métaphore de ce genre dans un tableau où « les églises de Criquebec, qui, au loin, entourées d’eau de tous côtés parce qu’on les voyait sans la ville, dans un poudroiement de soleil et de vagues, semblaient sortir des eaux, soufflées en albâtre ou en écume.

Pareille absence de démarcation entre terre et mer se retrouve dans la peinture de Robert Lobet qui va plus loin encore dans le jeu des métamorphoses et des échanges, le trouble finissant par gagner la nature même des substances et de leurs échelles respectives, dans une étonnante fusion entre les règnes et les distances.

Tout commence par la saisie directe du dessin au contact du monde. La mer, les rochers, les îles, les falaises et les phares y sont captés en leur cristal, le regard du peintre ne retenant que les essences, non pas abstraites et momifiées, mais concrètes, dynamiques, traversées de vent, d’écume et de lumière. Le trait, d’une délicate pureté sensible épouse l’immense mobilité des choses et réunit en un envol toutes les puissances du paysage marin.

Plus tard, reprenant ces données initiales par la peinture, Robert Lobet les approfondit en révélant leur vérité seconde, celle d’un monde à jamais sauvage et magique où tout est signe, présence, jaillissement, dans le cadre d’un vitalisme mystérieux. Mâts des navires, failles des rochers, trajets graphiques des êtres végétaux, griffures de l’érosion, tout s’échange, s’illumine, s’appelle et se répond. Chaque toile est alors l’un des talismans du regard intérieur qui reconnaît et fait sienne la solidarité fondamentale des êtres élémentaires. Une île est un galet gravé d’une écriture énigmatique, mais aussi une carte marine, un lichen aux torsions de bloc de lave, ou bien encore un astre abîmé sur la terre ; tandis que les épaves ont des allures de grandes algues flexibles ou de poulpes épanouis dans les ondulations d’un courant. Il y a là une mystique de la forme brute qui ne cesse de se transformer au gré des énergies, par cette grande confrontation du rivage et des houles, et nous fait vivre l’aventure d’un monde premier, intemporel, immémorial, presque sans trace de l’homme, à l’exception des phares à demi rongés par les tempêtes et les flamboiements de la lumière, ou de ces naufragés fantômes qui, quelquefois, remontent en procession grise, ou se manifestent par le seul vestige de leur embarcation disloquée. Comment ne pas relier ces résidus de naufrages, splendides et pathétiques, aux tragédies contemporaines des migrants qui, chaque jour, viennent risquer leurs vies aux lisières de l’Europe ?

La grande force de Robert Lobet est de ne jamais enfermer le souci de l’humain à l’intérieur d’un discours. Comme tous les vrais artistes, conscients de la fragilité de l’homme jeté sur cet autre océan terrible qu’est l’Histoire, il envisage les anonymes dans un registre universel, au-delà des militantismes de circonstance, avec pudeur et compassion. Même privés d’identité, les exilés venus d’autres rivages sont ses prochains qu’il prend en charge par les moyens de la peinture et de la sculpture. Ils ne sont pas des symboles soumis à des convictions, mais des présences troublées, entre souffle et cendre, silhouette et brouillard. La barque des naufragés devient un monument précaire contenant le bloc – on devrait plutôt dire le cercueil - de chacune des menues existences qui lui ont confié leur sort. Bouleversante, elle reçoit de l’artiste les clés de la mer en manière de conjuration et s’apparente aux paysages en bois flottés qui semblent des dolmens et des retables à la mémoire de toutes ces victimes, survivantes ou mortes. Avec elle ce sont non seulement les naufragés de notre temps, mais tous ceux du passé qui reviennent en cortège, nous rappelant soudain la célèbre ouverture d’Oceano Nox de Victor Hugo :

 

Oh ! combien de marins, combien de capitaines

Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,

Dans ce morne horizon se sont évanouis ?

Combien ont disparu, dure et triste fortune ?

Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune,

Sous l'aveugle océan à jamais enfoui ?

 

Cependant, Robert Lobet célèbre aussi la mer et ses rivages tourmentés pour eux mêmes. Il en connaît bien les contours et les détours, les violences et les sérénités soudaines, qu’elles soient de Bretagne ou de Norvège où il a aussi quelques ports d’attache. On devine bientôt, à contempler ses œuvres intenses, tout imprégnées de matière marine, roches et vagues à la fois, qu’il en admire intimement les drames et le lyrisme austère, s’y déployant lui-même, par la patience de son regard et de sa main. Il devient alors voyage, magnétisé par les grands horizons brumeux où jouent les profondeurs, les seuils et les glissements de transparences, les au-delà toujours portés plus loin que toute attente en des royaumes imaginaires qui existent vraiment. Dans ce monde mouvant où dominent les tonalités bistres, blanches et cendrées, avec seulement quelques jaunes et quelques bleus toujours pulvérisés dans la limaille des lignes et des gouttes noires ou brunes, tout est sans cesse en route vers ces lointains de solitude qui sont autant de valeurs ontologiques et poétiques. L’ici et l’ailleurs y trouve leur lieu fondamental : celui d’une ouverture illimitée qui sait passer par toutes les formes et toutes les existences dans le grand œuvre pur de la vision.

 

Marc-Henri Arfeux

Février 2016

 

Robert LOBET, l’épure qui flamboie

 

 

         Robert LOBET, artiste-plasticien, a su rester aussi tenace que vulnérable et a ainsi déployé une œuvre d’une exigence humaniste et d’une intégrité esthétique incontournables.

 

         Les toiles qui nous sont offertes aujourd’hui opèrent un croisement sain et éclairant de la couleur, du dessin, du tracé et du signe. Elles relèvent enfin d’une vision, d’un geste, d’un univers profondément poétiques.

 

         Rien de surprenant si l’on sait, qu’artisan pugnace et artiste inspiré, il a tracé depuis plus de quinze ans une belle parallèle, une essentielle parenthèse. : il fait des livres. De poésie. Il ne serait ni naïf ni exagéré d’affirmer, qu’avec l’aide des siens, Robert LOBET, a donné quinze ans de sa vie aux poètes et aux lecteurs (fidèles compagnons ou enthousiastes découvreurs) de cette Maison-Monde, cette unique famille que sont les Editions de La Margeride.

 

         Ces toiles, cette année à Sète, sont donc un juste retour des choses et pour nous, un cadeau tant espéré. Robert aime à souligner l ‘inspiration nomade de sa peinture, son lien profond à l’expérience du voyage. On peut en effet y reconnaître une topographie organique, solide, réelle tout autant qu’y parcourir un paysage mouvant, fluide, tout intérieur.

 

         Je tiens pour ma part à souligner au sein de cette œuvre, qui pour moi fait déjà référence, deux forces vives qui sont au cœur même de l’aventure qu’est la vraie poésie :

 

  • L’alliance et l’alliage de forces que l’on dit souvent contraires ou opposées : le figuratif et l’abstrait, le tracé et la texture, la mer et le ciel, la terre et l’air, le physique et le spirituel, l’énigme et l’évidence. L’art de notre peintre, alchimiste modeste, consiste aussi à en révéler un équilibre clair.

  • Ce travail, patient, aussi intuitif que réfléchi, qu’inspirent le sentiment et l’idée se donne à lire et se reçoit comme une douce force, un bel élan, un chemin tracé vers l’Etre et vers l’Autre.

 

        Loin de toute ironie ou distance post-moderne, refusant le cynisme ou la cruauté dont se repaît parfois l’art le plus contemporain, l’œuvre de Robert LOBET est une lettre d’amour adressée à la peinture, un acte de foi en l’Art tout autant qu’à la Vie. Elle révèle le mystère du quotidien et du pérenne. Oui, ce travail humble et exigeant, ces poèmes, ces toiles, ce geste riche et concentré, c’est l’épure qui flamboie.

Felip Costaglioli

Juillet 2015

Expositions 

Robert LOBET  -  Principales expositions

 

Robert Lobet, Artiste Plasticien, vit et travaille à Saint Gervasy, dans le Gard.

Titulaire d’une Maîtrise d’Arts Plastiques de l’Université de Montpellier.

Anime depuis 2001 les Éditions de la Margeride,

 

 

Principales expositions personnelles :

Espace VanGogh, Arles, 2017

Maison de l'International, Grenoble, 2017

Bibliothèque Universitaire de lettres, Grenoble, 2017

L'Archa des Carmes, Arles, 2017

Galerie Marina, Blauzac, 2017

Médiathèque des Ursulines, Quimper, 2016

Galerie Open Space, Sète, 2015

Galerie de poche, Gajan, 2015

Médiathèque de Villeneuve lez Avignon, 2014

Musée de Cusals, 2012

Bibliothèque départementale de Dignes, 2012

Maison de la poésie de Montpellier, 2012

Conseil de L’Europe, Strasbourg, 2011

Hannah Fondation, Herent, Belgique, 2010, 2013

L’Apostrophe, Médiathèque de Chartres, 2010

La lucarne des écrivains, Paris, 2009

Médiathèque d’Uzès, 2009

Zareptas Galleriet, Porsgrunn, Norvège, 2008

Atelier Dartois, Bordeaux, 2007

Médiathèque de Ganges, 2007

Carré d’art – Bibliothèque, Mur Foster, Nîmes, 2006

Centre Boris Bojnev, Forcalquier, 2006

Centre Culturel Égyptien, Paris, 2004

Festival “Les Voix de la Méditerranée”, Lodève, 2001

 

Principales expositions collectives :

Minnesota Canter for Book Art, Minneapolis, Usa, Octobre 2016

Festival Paroles Indigo, espace Van Gogh, Arles, 2013, 2014

Sculpture en l’Ile, ville d’Andrésy (Yvelines), 2013

Salah Stétié et les peintres, Musée Paul Valéry, Sète

2ème Festival des Littératures Minoritaires d'Europe 

et de la Méditerranée, Villa Badessa, Italie, 2010

Centre culturel de Wanze, Belgique, 2008

Centre culturel provincial de Marche en Famenne, Belgique, 2008

Galerie 15, « Autour de Pierre-André Benoit », Alès, 2008

Galerie Alexandre Mottet, Genève (Suisse), 2007

Maison de la Culture Douta Sek, Dakar (Sénégal), 2006

Bibliothèque d’Alexandrie (Egypte), 2006

Université américaine, Le Caire (Egypte), 2006

Biennale d’Alexandrie (Egypte), 2005

Fête du livre d’artiste de Forcalquier, 2005 - 2006 

“Imagining the book”, Bibliothèque d’Alexandrie (Egypte), 2002, 2005

Cathédrale d’images, Les Baux-de-Provence, 2002

Bibliothèques, traditions et utopies, Carré d’art, Nîmes, 2002

Bibliothèque d’Alexandrie (Egypte), 2002

 

Séjours de travail et de recherche :

 

Université de Saint Cloud, Minnesota, USA, 2016
Minnesota Center for Book Art, Minneapolis, USA, 2016
Résidence d’artiste, Porsgrunn, Norvège, 2007

“100 livres pour Senghor”, Dakar, Sénégal, décembre 2006

Workshop pour “Imagining the Book 1 et 2”, Alexandrie, Egypte, 2005

Résidence d’artiste, Centre Culturel Français d’Alexandrie, Egypte, 2000

A propos de Robert LOBET

 

Empreint par le minéral et la matière, lʼœuvre de Robert Lobet, dominée par lʼinfluence du dessin, joue avec les formes, architecturales ou naturelles, lignes sur lesquelles vont ensuite sʼappuyer gravures et peintures. 
Dans les années 1990, il aborde le livre, dʼabord en tant que forme : lʼobjet « livre ». Très vite, la nécessité du texte sʼimpose. Fruit dʼune rencontre avec un écrivain, un poète, chaque livre est une nouvelle expérience. Il noue alors des partenariats avec Michel Butor, Salah Stétié, Marc-Henri Arfeux, mais aussi Maram al Masri, Aurélia Lassaque, Andrée Chedid… 
Ensuite viendra le temps de la recherche et du travail patient pour apprendre son métier et pour apprendre aussi à se connaître, car que serait un savoir-faire sans but ? 
En résidence à Alexandrie (Egypte) en 2000, il est profondément marqué par ce lieu, en retire motifs, palette : ocres, bleus... A la limite de la figuration, son œuvre évolue sur les thèmes du temps, de la mémoire, du signe, de lʼécriture. « Créateur », éditeur de livres dʼartiste depuis 2007 avec les Editions de la Margeride installées à Saint Gervasy, entre Nîmes et Avignon, Robert Lobet poursuit son œuvre nourrie dʼhumanisme, reflet de sa vision poétique et interrogative du monde.
 
Valérie Prohin
Mars 2010
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